FRANK MILLER












Biographie.

Frank Miller a grandi à Montpelier, dans le Vermont. Il commença sa carrière dans la bande dessinée comme dessinateur chez des éditeurs de premier plan comme Gold Key, DC Comics ou Marvel Comics. C'est une histoire en deux parties publiée dans le magazine de Marvel Spectacular Spider-Man qui attira l'attention sur lui. Il fut bientôt nommé dessinateur de Daredevil, série dont il ne tarda pas à devenir aussi le scénariste. Le passage de Miller sur Daredevil fut salué par le public et par la critique. Il créa le personnage d'Elektra et mit en place de nombreux éléments dans l'univers de l'homme sans peur que l'on peut retrouver, entre autres, dans le film de 2003. L'époque Miller de « Daredevil » dura le temps de 42 épisodes qui redéfinirent radicalement non seulement le personnage mais l'ensemble de la production Comics des années 1980. Le summum étant atteint par le cycle "Renaissance" (Born Again) écrit par Miller et dessiné par David Mazzucchelli en 1985.

A ce jour, l'œuvre la plus connue et la plus achevée de Frank Miller est Dark Knight (Batman: The Dark Knight Returns), une histoire glauque de Batman située dans un futur proche. Il y met en scène un Batman violent et extrémiste et met à mal le mythe du justicier détective. Miller a réalisé une suite à cette œuvre, Batman: The Dark Knight Strikes Again (ou DK2).

En plus de travailler sur les personnages des grandes compagnies de comics, Miller a créé ses propres séries : les séries de science-fiction Ronin, Martha Washington avec Dave Gibbons et Big Guy And Rusty The Boy Robot et Hard Boiled avec Geoff Darrow, les séries de l'univers roman noir de Sin City ou la série pseudo-historique 300.

Frank Miller a aussi écrit quelques scénarios pour le cinéma, en particulier ceux de Robocop 2 et 3. Il a co-réalisé avec Robert Rodríguez l'adaptation grand écran de Sin City en 2005. Il prépare actuellement Sin City 2 pour le cinéma.

En 2005, il lance sous le nouveau label All-Star de DC, la série All-Star Batman and Robin The Boy Wonder, dessinée par Jim Lee, mettant en scène la formation de Robin par Batman. Bien que située en dehors de la continuité officielle du personnage, elle s'intègre selon ses propres dires dans le cadre des aventures de Batman qu'il a écrites, en suite à Batman : Année Une, un arc de la série Batman (#404-407, 1987) illustré par David Mazzucchelli traitant des débuts de Batman.

En 2007, grâce à l'énorme succès des deux films adaptés de son œuvre Sin City et de 300, il se lance dans l'adaptation de la bande dessinée Le Spirit de Will Eisner. Le film, The Spirit, avec Gabriel Macht dans le rôle du justicier du même nom, est sorti en France fin 2008.
L'art de Frank Miller.

On explique souvent le choc que représenta le travail de Frank Miller sur Daredevil par la maturité du scénario. Il est vrai qu'avec Miller, Daredevil changea d'univers. Son histoire avec la Veuve Noire, qui fut l'un des points culminants de ses aventures dans les années soixante-dix n'en finissait plus de s'étirer, et l'arrivée de personnages nouveaux fut de ce point de vue une vraie bouffée d'air pur.

Mais les qualités graphiques de Miller vont aussi avoir une importance considérable dans ce succès. Très rapidement, le trait perd la lourdeur d'à peu près tous les comics de l'époque. Le cadrage et la mise en scène des corps sont en rupture de façon plus marquante encore. Ce renouveau graphique est en partie l'effet de l'influence que le manga a exercé sur Miller. Le découpage, qui confère aux mouvements une lisibilité inconnue, ou les angles de vue sont marqués par cet héritage du manga. De manière évidente, l'introduction d'un grand nombre d'éléments japonisants (la secte ninja "la Main", les saïs d'Electra,etc.) montre l'attachement que Miller éprouve pour la culture japonaise. La série Kozure okami de Kazuo Koike et Goseki Kojima a tout particulièrement marqué Miller, dont le Ronin peut être vu en partie comme un hommage. Il contribuera fortement à sa publication aux États-Unis sous le nom de Lone Wolf & Cub (il a d'ailleurs dessiné les couvertures de l'édition américaine, reprises dans l'édition française).

La série Sin City prouve de manière éclatante la qualité graphique du travail de Miller. Entièrement réalisé en noir et blanc mais en négatif (à l'exception de l'utilisation occasionnelle du jaune, du bleu et du rouge, chacun dans un volume différent), Sin City est d'une ambition formelle extraordinaire. La série est récompensée par 4 Will Eisner Award et Frank Miller reçoit pour le premier, en 1993, le prix du "Meilleur dessinateur/encreur pour une publication en noir et blanc", ainsi que celui du "Meilleur scénariste/dessinateur".
Prises de position politique.
Frank Miller n'a jamais fait mystère de sa fascination pour les armes à feu et de son obsession de la violence et de la sécurité. De nombreux lecteurs américains ont vu dans 300 une œuvre raciste où les Perses sont représentés comme des opportunistes sans civilisation, dénués de sens de l'honneur et de talent. Le film a suscité les mêmes polémiques.
Le 9 mars 2006, Frank Miller a fait part de son soutien à la politique menée par les néo-conservateurs sur la radio américaine NPR (National Public Radio). On pourra l'écouter sur le site néo-conservateur Little Green Football[1] ou trouver sa retranscription sur The Atlasphere[2]. Sur la question de la seconde guerre irakienne, on l'entendra ainsi déclarer : « La plupart du temps j'entends les gens demander : "Pourquoi avons-nous attaqué l'Irak? ", par exemple. Et bien, nous nous en prenons à une idéologie. Personne ne demande pourquoi, après Pearl Harbor, nous avons attaqué l'Allemagne nazie. C'était parce que nous étions confrontés à une forme de fascisme global : nous faisons la même chose aujourd'hui ». De son point de vue, l'Amérique manque de fermeté face à un ennemi qu'il ne nomme pas : « Il me semble évident que notre pays et tout le monde occidental sont en conflit avec un ennemi qui sait parfaitement ce qu'il veut - et nous nous comportons comme un empire qui s'effondre. Les cultures puissantes ne sont presque jamais conquises, elles s'effritent de l'intérieur. Et franchement je pense que beaucoup d'Américains se comportent comme des enfants gâtés (...). » A propos du camp adverse, Miller dit : « Pour une raison que j'ignore, personne ne parle de ceux que nous combattons et de cette barbarie du VIe siècle qu'ils représentent en réalité. Ces gens-là décapitent. Ils soumettent leurs femmes à l'esclavage et infligent des mutilations sexuelles à leurs filles. Leur comportement n'obéit à aucune norme culturelle compréhensible. Je suis en train de parler dans un micro qui n'aurait jamais pu être le produit de leur culture, et je vis dans une ville où 3000 de mes voisins ont été tués par des gens qui avaient volé des avions qu'ils n'auraient jamais pu construire. »....